I – Pourquoi mettre en place une monnaie locale ?

Pour disposer d’un outil qui favorise l’avènement d’une économie plus respectueuse de l’être humain et de son environnement naturel et ainsi :
• mettre l’économie au service de l’homme, de la culture et de la planète,
• favoriser les échanges locaux et relocaliser une partie de l’économie
• développer le lien social et les solidarités
• développer l’utilisation et la place de l’euskara
• soutenir des projets locaux d’intérêt commun
• réduire l’impact écologique
II – Historique

L’idée de monnaie complémentaire peut surprendre. Pourtant ce fut une pratique courante tout au long de l’histoire et en particulier au Moyen Age où les villes, les monastères, les seigneurs avaient leur monnaie en complément de la monnaie royale. Ainsi de très nombreuses monnaies circulaient à l’intérieur d’un territoire. C’est la recherche de monopolisation du pouvoir qui a conduit à l’abandon de la multiplicité des monnaies. Cependant avec la grande crise de 1929, on note la réapparition de monnaies complémentaires comme réponses locales à la crise globale.
III – L’actualité : expérimentations en cours de développement dans le monde

Il y a aujourd’hui un vaste mouvement de monnaies complémentaires de par le monde (plus de 5000 expériences en cours, de nature très variées) qui s’adressent cette fois à la société dans toutes ses composantes: particuliers, entreprises et souvent collectivités locales. On les appelle monnaies parallèles, communautaires, locales ou solidaires.

Elles visent toutes à réintroduire dans l’économie du sens, des valeurs sociales et écologiques. Citons le « Ithaca Hour » aux Etats Unis, le « Calgary Dollar » au Canada, ou le SOL en France, plus spécifique à l’économie sociale et solidaire. L’une des plus proches et des plus abouties est le Chiemgauer, dans la région de Chiemgau, en Bavière, soutenue par les collectivités locales. Voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Chiemgauer
En Suisse, le système WIR inter-entreprises fonctionne depuis les années 1930 et relie aujourd’hui 60 000 PME qui échangent entre elles sans numéraire grâce à cette monnaie.
IV – Comment ça marche ?

Des billets infalsifiables d’1, 2, 5, 10 et 20 eusko sont édités, échangeables contre leur équivalent en euros. Les particuliers qui procèdent à cet échange ne peuvent plus faire l’échange inverse. Les entreprises, commerces, associations, municipalités, producteurs, artisans, indépendants divers qui adhèrent à la Charte de la monnaie locale peuvent recevoir ces billets comme moyen de paiement. Eux par contre peuvent les échanger contre des euros mais en perdant dans ce cas là 2 % de leur valeur. Ils sont donc incités à les remettre en circulation.

Depuis le 19 mars 2017 existe également un eusko numérique, avec des comptes eusko en ligne gérés directement par l’association Euskal Moneta, et une carte de paiement reliée pour régler ses achats dans les commerces.

Une association gère toutes les décisions relatives à cette monnaie, ainsi que l’habilitation des structures et personnes (du restaurant au kiné en passant par l’imprimerie, le comité des fêtes, le paysan ou la piscine municipale…) pouvant recevoir cette monnaie comme moyen de paiement.
Dans le même temps, la monnaie locale permet de réorienter une partie de la consommation et de la production. Pour être habilitées à recevoir cette monnaie locale, les entreprises doivent en effet obéir à un cahier des charges, édictant un certain nombre de règles d’inéligibilités : entreprises très polluantes ou connues pour leurs pratiques sociales déplorables, grandes chaînes internationales, agriculture industrielle, producteurs ou commerçants ne se fournissant pas du tout auprès d’autres producteurs locaux.
V – Intérêt pour l’entreprise 

L’eusko est avant tout un moyen pour chacun, professionnels comme particuliers, de participer à un projet collectif pour un développement harmonieux du Pays Basque, pour la défense de l’environnement, de la langue basque, du commerce de proximité et de l’agriculture paysanne.

De plus, l’entreprise, le commerce, le travailleur indépendant, le petit producteur qui rentrent dans le réseau de la monnaie locale constituent un réseau dans lequel circulent les eusko billets et numériques. Les particuliers ne peuvent dépenser leurs eusko que dans ce réseau. Cela peut permettre à ces professionnels et association de fidéliser leur clientèle, voire de gagner de nouveaux clients. Cela a de surcroit un effet label, garantissant un certain état d’esprit et une certaine qualité des pratiques des entreprises membres du réseau. Par la mise en réseau des fournisseurs, cela augmente également le chiffre d’affaire de certaines entreprises appelées à approvisionner ou à travailler pour d’autres entreprises du réseau. L’effet global est une relocalisation de la production et une redynamisation de l’activité économique locale.
VI – Intérêt pour le consommateur 

La monnaie locale favorise l’emploi local et le commerce de proximité et de ce fait la qualité de la vie.
La monnaie locale permet de se poser la question de l’origine et de la manière dont sont fabriqués et distribués les produits et services qu’il consomme au quotidien. Elle représente la garantie de faire ses achats auprès d’entreprises manifestant un intérêt minimum pour le territoire où elles sont installées, ainsi que pour la diversité linguistique et culturelle, et les valeurs écologiques et sociales. Elle lui permet de manifester au quotidien, par un geste des plus concrets et visibles, par un instrument des plus simples à porter et à utiliser, son attachement à son territoire et à un certain modèle de société et d’économie. Le consommateur quotidien devient acteur.
VII – Intérêt pour le Pays Basque

La monnaie est une institution. Elle fait exister un territoire bien précis. Le choix du territoire où la monnaie en question sera valable est fondateur d’une communauté de projet, d’une identité collective, bref d’un Pays – ouvert et intégrateur, à taille humaine, acteur de son présent et de son avenir, solidaire du reste du monde et des générations à venir – au sens où nous l’entendons ici.

L’utilisation par chaque citoyen de cette monnaie locale est un acte d’attachement à ce territoire, d’intérêt pour son évolution et son devenir.

Par la présence de points concernant la place de l’euskara dans la signalétique, la communication ou la vie interne de l’entreprise dans les défis obligatoires à relever par les professionnels du réseau, la place de l’euskara dans la vie publique se voit renforcée et promue par cette monnaie locale.

La relocalisation d’une partie du pouvoir d’achat renforce le tissu économique local. Une monnaie locale est un instrument supplémentaire pour renforcer le lien social et les solidarités locales, ainsi qu’un exercice pédagogique de masse de citoyenneté et de réappropriation de l’économie et du politique. Une monnaie locale de ce type pourra venir compléter à merveille l’ensemble des outils dont le Pays Basque s’est déjà doté pour se construire d’une manière plus humaine, plus juste, plus solidaire, plus autogérée et plus durable.
VIII – Intérêt pour la planète

En relocalisant une partie de la consommation, de la production et des services, la monnaie locale permet de limiter les transports, grands consommateurs d’énergie et d’infrastructures, et grands émetteurs de gaz à effets de serre responsables du dérèglement climatique. En favorisant les productions responsables et soutenables, elle réduit dès aujourd’hui notre empreinte écologique. La création d’une monnaie locale permet également à une partie de notre argent de ne plus alimenter le circuit financier mondial, et donc la spéculation internationale, les opérations de privatisations, d’achat de terres ou de ressources dépossédant les populations locales, et notamment celles des pays les plus pauvres.